Chapitre 1 : Les origines

Au commencement d’une histoire, qu’y a-t-il ? Une date ? Un lieu ? Ou bien un personnage ? Une passion ? Un rêve ? Il y a tout ça qui se mêle sans doute, mais pour raconter une histoire, il faut choisir un point de départ.

Ici, le point de départ, c’est la musique.

Hadra - Départ pour la Zambie
Driss, Mickaël et Olivier, au départ pour le Solipse Festival
(Zambie / 2001)
Driss - Brésil (2003)
Driss en route pour Transcendance Festival
(Brésil / Eté 2003)


       Une musique qui nous fait vaciller au bord de ce que nous sommes. Ses rythmes, qui nous habitent, transportent l’esprit et imprègnent les corps. Dans les veines de cette musique, coule le sable de Goa, et des synthétiseurs ondulent au bout de ses doigts. Dans sa bouche un cri d’amour, comme un vol d’oiseau de l’Occident à l’Orient. Lorsqu’elle est née, il y a une trentaine d’années, on lui a donné un nom : Trance psychédélique. C’est une musique faite de mystère et de magie… On dit qu’elle donne des ailes et attise les soifs de liberté. Pourtant, la vie de cette musique n’a pas toujours été facile.

       En France dans les années 2000, la Trance n’avait pas bonne presse, elle était mal jugée, dépréciée, parfois traquée. Ses admirateurs se voyaient contraints de la rencontrer lors de rendez-vous secrets, ou alors, ils allaient au bout du monde pour l’écouter.

       Parmi ses admirateurs, il y avait Driss. Un jeune homme avec un tempérament de feu. Il avait grandi au Maroc puis était venu s’installer à Grenoble. Avec ses amis, friands de musique, ils avaient pris l’habitude de suivre la Trance un peu partout. En juin 2001, ils décidèrent d’aller au Solipse en Zambie. Là-bas, ils pourraient danser pendant la première éclipse totale de notre siècle. On sait que les amoureux de la Trance sont des danseurs de toutes les heures. Sous le soleil, à la lueur de la lune, ou sous une pluie d’étoiles, à la poursuite des phénomènes miraculeux de la terre mère…

       C’est cette nuit-là, sous les cieux africains et dans l’énergie de la savane, que la musique avait plus que jamais envoûté Driss. De retour de cette épopée, il se mit à caresser le rêve de faire galoper les basses et résonner les mélodies en France. Qu’un vent de nouveauté souffle sur les clichés liés aux musiques électroniques. Que les mentalités évoluent. Il y avait une envie tenace, un désir de bousculer les choses et une profonde volonté de rassembler, de fédérer.

       À la fin de l’été, Hadra était créée. L’association portait ce nom venu du Maroc. C’était le nom d’un rituel de transe qui se vivait en musique. Un rituel collectif, qui mêlait créativité et intensité pour conduire à l’extase. Cette nouvelle organisation ainsi nommée, devait permettre à la musique de faire vibrer ses adeptes lors de fêtes extraordinaires, à la frontière entre le sacré et le profane. Des fêtes à la fois tribales, primitives et visionnaires. C’est ainsi que, dans la joie et la fatigue humaine, Hadra a grandi, essuyant des tempêtes, de la boue, se faisant chasser parfois. Elle a tenu avec son alliée : la musique. Ensemble, elles ont persisté à faire exister des oasis.

       Aujourd’hui, la Trance psychédélique a mille visages, elle a évolué, s’est épanouie, métamorphosée. Hadra la porte jusqu’à nos oreilles, sous toutes ses formes, des plus traditionnelles aux plus novatrices. La Trance est toujours là, multiple et unie ; nomade, elle fait voyager ses valeurs avec elle. Elle fait trembler les mirages de nos quotidiens et elle donne corps à nos utopies. On part faire la fête comme on partirait en exil. Chaque évènement est une source fertile au milieu d’un désert, d’où ruisselle la puissance d’un faire ensemble, d’où jaillissent les rêves d’une autre façon d’habiter le monde en lien avec le vivant.

       Au prochain solstice d’été, Hadra célébrera vingt ans d’aventure humaine, d’activisme musical et de fête et la musique de toutes ses forces, retentira. Alors, une nouvelle fois, nous serons les grains de sable qui tourbillonnent dans son souffle sur les sommets des dunes.

Un grand merci à la poétesse Isaline Nitsche pour son accompagnement à l’écriture.

www.isaline-nitsche.fr/

@poeteuse

LA DESTINATION

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